Quai N°1. Peu après 10h 15. La gare est quadrillée par les forces de l'ordre. Des périmètres de protection délimitent le tapis vert posé pour l'occasion, à hauteur des salons de l'empereur. « Welcome to Strasbourg ! », annonce une voix féminine. Un coup de sifflet et quelques applaudissements saluent le passage du TGV, qui vient d'entrer en gare. Le Premier ministre et son escorte sont à bord.
Le Premier ministre, François Fillon, et le ministre d'État Alain Juppé, arrivés en TGV, ont été accueillis hier matin par Fabienne Keller, en gare de Strasbourg. (Photos DNA-Johanna Leguerre)
«Un moment historique»
«C'est beau, c'est un moment historique », s'émeut François Babilonne, 58 ans. Pour rien au monde, cet ouvrier de maintenance, originaire de Pondichéry et patriote dans l'âme, n'aurait manqué ça. Idem pour la cinquantaine de spectateurs qui assistent à la scène. Yves, 51 ans, est venu en voisin de quartier avec son fils Gaëtan. L'adolescent ne se prive pas de faire crépiter son petit appareil photo lorsque François Fillon passe. Au pas de charge.
Pour le reste : rideau ! La visite de la verrière est réservée aux invités. Qui, eux, sont au sec. Et qui s'engouffrent bien vite dans les bus qui vont les conduire au jardin des Deux-Rives pour la suite des festivités.
« C'est dommage, on voulait voir la verrière et on n'a vu que des policiers... », regrettent Fleur et François, la trentaine. Venus eux aussi en voisins pour l'événement, avec Anaïs, 3 ans et demi, et Karl, 7 mois, qui dort dans sa poussette. Trempés, ils contemplent le dôme de verre. De loin. Sous leur parapluie. Ils reviendront dans l'après-midi, décident-ils, lorsqu'il sera ouvert au grand public.
Place de la Gare. 16h 17. Le soleil a fait son apparition et le mercure a fait un bond. Daniel Barreau, directeur adjoint de l'établissement SNCF à Strasbourg, se charge lui-même d'ouvrir l'accès piéton central qui conduit à la verrière. Le public s'y engouffre aussitôt. « C'est fantastique », s'emballe Venceslas. Le postier, âgé de 64 ans, ne cache pas qu'il avait un peu d'appréhension en voyant le chantier. Mais le résultat - « ce mélange entre le moderne et l'ancien » - est « vraiment une réussite tant à l'extérieur qu'à l'intérieur », estime-t-il.
Les premiers voyageurs investissent, dans l'après-midi, le nouveau hall central de la gare sous la monumentale verrière.
Pouvoir de fascination et d'attraction
A l'extérieur, l'étrangeté de cette bulle de verre gigantesque (150m de long pour 23m de haut et 20m de profondeur) ne laisse guère indifférent. « Waaaouh ! », lâche un adolescent, stupéfait par cet « ovni » architectural. « Quelle horreur ! », commente une personne âgée, plus sensible aux formes anguleuses de la façade historique qu'aux rondeurs inquiétantes de la verrière, qui exerce son pouvoir de fascination et d'attraction, à mesure que le public la découvre.
« La patience a fini par payer », commente Marie-Josée, 60 ans, lassée par « des mois de travaux » et sous le charme de cette « cathédrale de verre ». Où il fait moins chaud qu'à l'extérieur et où les rayons du soleil diffusent une lumière douce sur la façade de grès - dont on redécouvre les détails masqués auparavant par un effet de contre-jour. « On a envie d'y rester », commente Gilles, 37 ans, qui arrive de Lobsann (Outre-Forêt). « C'est encore en chantier », ne manque de noter sa compagne Cora, 34 ans, en observant les deux extrémités de la verrière inachevées aujourd'hui.
Sous la verrière. 17h 47. Des techniciens viennent d'achever de sécuriser le premier sous-sol. La gare « multimodale » vient d'entrer en fonction, sous les yeux de Jean-François Soulet, directeur de la CTS : les usagers du tram (3e sous-sol) ont désormais un accès direct au hall central de la gare sous la verrière - tout comme les usagers des deux parkings « vélos » et « voitures courte durée » (à partir de lundi).
Suite du chantier à partir de lundi. Livraison : « Fin août, pour la rentrée », souligne le directeur de la CTS. La ligne TGV, quant à elle, entre dans sa phase commerciale. Aujourd'hui.