Récemment j'ai emprunté un livre à la médiathèque de Haguenau :" L'éternel Alsacien " écrit par Huguette Dreikaus.
Je vous présente d'abord l'auteur ( pour les non-Alsaciens ).
Haguenovienne, représentant la bonne Alsacienne , elle pratique l'autodérision avec succès dans les DNA, sur les planches et à la télé locales. Voici son site : Huguette Dreikaus
Ce livre édité en 2002 brosse les différents caractères de nos semblables ( les "gens de l'intérieur" peuvent s'y retrouver aussi !!!)
Une page m'a retenue , les personnes qui me connaissent sauront pourquoi !!!
De Sammler
L'histoire de l'humanité est une suite de période de disette et de périodes d'opulences, de vaches grasses et de vaches maigres. Pour pallier aux carences possibles au cours de l'allaitement, Dieu inventa la cellulite qu'il donna aux femmes. Ce furent au début des sacoches de nourritures gardées au cellier, où elle pouvaient puiser quand il le fallait pour alimenter leurs enfants. La cellulite fut équitablement partagée entre toutes les femmes. L'être humain copia sur Dieu ce principe de l'épargne : Spar in de Zitt, noo hesch in de Not : épargne de temps en temps et tu ne seras jamais dépourvu. Résultat ,les Alsaciens, en bons chrétiens sont de grands " économiseurs".
Tout est gardé ou presque selon le bon vieil adage" On ne sait jamais, un jour on peut en avoir besoin". Quand je dis que tout est gardé c'est vraiment tout. Les boites à oeufs pour la même réutilisation ou pour insonoriser la chambre du fils musicien. Les paquets de nouilles vides parce qu'un sachet est un sachet. Le papier bulle pour les colis. Le papier-cadeau pour refaire des cadeaux sans avoir des frais d'emballages. Les collants déchirés pour faire des fleurs. Tout devient relique ou objet de recyclage.
Cette passion de la conservation ne concerne pas seulement des objets de la famille même. Que nenni. Il y en a qui mettent un point d'honneur à garder aussi les surplus des autres. Ceci explique l'engouement pour les marché aux puces où d'aucuns estiment que la fureur des autres à jeter n'importe quoi est une atteinte à la conservation du patrimoine. Les détritus des uns font les collections des autres.
L'Alsacien est très collectionneur. Il y a des milliers voire des dizaines de milliers de ces boulimiques d 'objets, déclinés en d'innombrables variations. Poussez les portes des maisons. Chacune peut servir d'illustration à ce travers. Vous verrez partout des kyrielles de pots en grès, de moules à Kougelhopf, de moulins à café manuels, de barattes, d'outils agricoles, de napperons brodés de rouge et je passe les vieux fers à repasser, les postes à galène, les verres à bière, les étiquettes de vin, les armes à feu, les lampes à pétrole, les tabatières, les encriers , les étains, les boites en fer-blanc et les nains de jardin. Il en est même qui cumulent toutes ces colllections. C'est le superlatif du ramassage d'objets. Dee han hundsmaasig viel Sache, ceux-là, ils croulent sous les fruits de leur passion. Si vous les interrogez, tout est indispensable. D'ailleurs tout restera indispensable jusqu'au jour de leur mort. A ce moment-là, l'Hôtel des Vente des notaires cherchera un autre fou pour prendre la succession de cette mission à la fois admirable et dénuée de sens.
Gloire à tous ces rabatteurs qui amassent des choses de notre enfance, celles qui rappeleront l'un ou l'autre épisode de nos émois passés. Le collectionneur est un être qui aide les autres à lutter contre l'amnésie.