Lu dans les DNA ce matin (DNA)
Hormis dans le Kochersberg, son berceau, le rite s'était éteint, dans les foyers, en même temps que les fours à pain. Depuis quarante ans, dans toute l'Alsace, la flamme s'est rallumée sous les tartes flambées : désormais, pour toute une région, le Flammekueche c'est du gâteau.
Même la pizza n'a pas eu raison du Flammekueche. L'alerte a pourtant été chaude. Après les napolitaines, qui rappelaient les vacances à Rimini, l'offensive est venue d'encore plus loin dans le sud, avec cette percée des Döner, puis d'outre-Rhin, avec les merguez façon Bratwurst, et même d'outre-Vosges, avec ces américains qui débordent de frites.
Quarante ans que ça dure, 40 ans que la tarte flambée résiste à tous les assauts. Avec trois fois rien : un peu de pâte, une louche de crème, quelques rondelles d'oignons et une poignée de lardons. Le combat semblait inégal. Il ne l'est pas : la tarte flambée ne se dévore pas rapidos sur un bout de trottoir, elle se partage. A table. Et avec elle, aucun risque d'avaler un noyau d'olive. Deux règles, seulement, s'imposent : la déguster avec les doigts et légèrement penché en avant - pour ne pas tacher sa chemise.
Dans ces années là, du temps des Simca 1000, la ville redécouvrait la campagne
La tarte flambée est revenue sur les tables de presque toute la région en même temps que les colombages sur les façades. Quand l'Alsace a fait tomber le crépi de ses complexes, quand elle est redevenue fière de ses traditions, quand les vieilles cuisinières à bois ont définitivement cédé au gaz et à l'électricité, la tarte flambée s'est tout à coup rappelée au bon souvenir des Bas-Rhinois. Car le retour en grâce est d'abord venu du nord. Le Sundgau avait sa carpe frite et entre les deux, vers Colmar, on inventait le crémant.
Dans ces années là, du temps des Simca 1000 et des Dauphine, la ville redécouvrait la campagne, ses fermes et cette vieille recette toute simple dont juraient les grand-mères. Leur semaine terminée (encore que pour eux, elle n'est jamais finie), les paysans mettaient des chemises propres et en servaient dans leur cuisine, le soir, devant leur four à pain. Les restaurants s'y sont mis aussi. On y allait en famille, pour prendre l'air, parce qu'il était encore normal de dîner ensemble. C'était bon, c'était simple, c'était pas cher. Et puis tout le monde mangeait la même chose. Une communion, quoi.
Seule tache sur la carte,le Flammekueche ne décolle pas de la région
La saison n'a pas d'importance. Le Flammekueche se nourrit des grands froids et se rit des grosses chaleurs. Désormais, il triomphe partout : dans les Stube et en plein air - comme l'alambic hier, certains fours sont même devenus mobiles -, sous les parasols et sur les nappes des meilleures salles à manger. Entre cigognes, géraniums et colombages, il s'impose surtout du Rhin au piémont comme un des symboles de l'Alsace, pour renvoyer, un peu gaulois, l'image d'une région qui aime la table et le sérieux, la compagnie et la rigolade.
Alors que la choucroute se débat parfois dans de vaines luttes intestines (au poisson ou à la saucisse ? à la bière ou au vin blanc ?), la tarte flambée gagne même du terrain, thermostat 10, en surgelé et au rayon prêt à réchauffer.
Ce retour dans les cuisines, dans le registre vite fait bien fait, comble le fossé entre les générations et fait un carton devant la télé. Seule petite tache sur la carte : le disque magique du Flammekueche n'a pas réussi à décoller de sa région, du moins à grande échelle, aussi bien que la pizza de la sienne.
*Gérard au fourneau
Nous apprécions beaucoup la tarte flambée qui , comme le dit très bien l'article du journal , est très convivial ( chaque tarte est partagée et on la mange avec les mains ) et économique.Après une balade entre copains nous aimons aller dans une auberge ou un restaurant de village et en manger accompagnée d'un bon blanc d'Alsace (naturellement !)
Ingrédients
500 g de pâte à pain 250 g de fromage blanc 1/4 l de crème épaisse 2 gros oignons | 80 g de poitrine fumée (lardons) 1 cuillerée à soupe d'huile noix de muscade, sel, poivre |
Instructions
Couper le lard en petits lardons. Hacher les oignons. Mélanger bien le fromage blanc et la crème. Assaisonner de sel, de poivre et d'une pincée de muscade râpée. Etendre la pâte le plus finement possible (très important), la poser sur la plaque du four beurrée. Etaler sur la pâte le mélange fromage-crème avec une spatule en bois.
Parsemer la surface de la pâte d'oignons et de lardons. Arroser avec l'huile.(Il est également possible d'incorporer l'huile au mélange fromage crème). Cuire à four brûlant (four à pain de préférence) 10 mn. La tarte flambée est bien meilleure lorsqu'elle est cuite comme autrefois dans les villages, dans un four à pain, chauffé au préalable avec des brindilles de bois qu'on écarte pour introduire la pelle en bois où se trouve la tarte qui est alors " léchée " par les flammes.